Il pousse d’une façon anecdotique dans le Haut Valais où il est appelé « Païen ».
Le nom du Savagnin proviendrait de la famille « Sauvanon » ou « Savanum » qui se rapproche du vocable « sauvage ».
Au point de vue botanique, le Savagnin pourrait tirer son origine des lambrusques, espèces de vignes spontanées qui existaient dans certaines contrées avant l’invasion du phylloxéra. Le fait est que ce cépage était connu au XVIème siècle dans le Revermont du Jura et sur les deux rives du Rhin. Il était aussi cultivé dans le Haut Valais. La dénomination de « Traminer » que porte le Savagnin dans certaines régions ne suffit pas à prouver que le petit village de Tramin en Italie du nord soit le lieu d’origine de ce cépage.
Le Savagnin a pour synonymes :
En France : Noble Rouge, Gentil Duvet Rouge, Gentil Blanc, Blanc-Brun, Gringet…
En Allemagne : Edeltraube, Kleiner Traminer, Chriskindlestraube (raisin de Noël), Rothedel…
En Croatie : Cruena Ruzica…
En Autriche : Nürnberger Rouge…
En Roumanie : Rusa…
En Bohême : Drumin…
En Hongrie : Fromentin, Tramini Rouge…
Description ampélographique :
Le bourgeonnement est très duveteux, d’un blanc verdâtre teinté de rose sur les bords.
Le sarment est brun fauve ponctué de gris, assez mince, noué court. Les vrilles sont courtes, duveteuses et bifurquées.
La feuille est arrondie, de taille moyenne, épaisse, rugueuse, vert foncé à la face supérieure, blanchâtre à grisâtre sur la face inférieure, superficiellement lobée. Les dents sont petites, arrondies, peu aigues. Le sinus pétiolaire étroit ou fermé, le point pétiolaire rosé.
La grappe est petite, un peu ailée, compacte.
Le grain est oblong, petit ou de grosseur moyenne. La peau est épaisse, résistante, jaune plus ou moins bronzée à maturité. Il est charnu, croquant juteux, très sucré, d’une saveur délicate.
La maturation est de deuxième époque c’est-à-dire décalée d’environ quinze jours par rapport au Chasselas.
Variétés :
Il existe les Savagnins blancs, jaunes, verts ou blancs-bruns, types milleran ou blanc-court. En réalité, il ne s’agirait que de sous variétés obtenues lors de la sélection.
Il existe également des Savagnins roses qui portent le nom de Traminer en Alsace (ou Klevener d’Heiligenstein). On le connait surtout sous sa forme la plus épicée, le Gewurztraminer qui connait une grande fortune.
Jean Huet
Le vin jaune est un vin de voile. Les vins de voile du Jura sont logés, après la fermentation malolactique, dans des fûts de chêne partiellement remplis (4/5ème).
Formation du voile.
Le voile se forme normalement dans les trois à six mois qui suivent la mise en futs. Généralement, plus le vin est jeune, plus le voile se forme rapidement, en raison probablement de la présence de facteurs de croissance tels que vitamines, phosphates et matières azotées qui disparaissent progressivement au cours de la vinification.
Les sources de carbone utilisées par les levures de voile sont nombreuses, glucose, fructose, glycérol et acide succinique. Si le voile ne se forme pas rapidement ou disparait, le vin n’est plus protégé contre l’oxydation et risque des altérations des bactéries acétiques.
Contrôles.
L’élevage dure au minimum six ans et trois mois. Durant ce laps de temps, on procède en général à deux contrôles annuels : au printemps et en automne. Ces contrôles consistent en un examen rapide du voile et à un prélèvement d’échantillon de vin pour les analyses courantes (en particulier l’éthanal et l’acidité volatile). Le vin est également dégusté. Les vins qui n’évoluent pas « au jaune » ou dont l’acidité volatile augmente sont retirés du vieillissement et utilisés à d’autres fins.
Principales modifications biochimiques du vin.
Ethanal.
Le vieillissement sous voile de levures se traduit par une production d’éthanal (700 à 800 mg/l). L’éthanal est une molécule très réactive et elle est un précurseur de nombreux constituants qui participent au bouquet du vin (sotolon par exemple).
Sotolon.
Au cours du vieillissement sous voile, le vin prend sa couleur « or » et l’odeur typique de « jaune » se développe, rappelant la noix, la noisette et le curry. Cette odeur serait due notamment à la présence d’une lactone, le sotolon.
Le sotolon a été identifié dans les vins jaunes, dans les vins botrytisés tels que les Sauternes ou vins de paille, dans du vieux saké, du tabac séché, dans la sauce de soja, des mélasses de canne à sucre. Le sotolon a un seuil de perception très faible (10 mg/l). Les vins jaunes sont jugés très typiques si les teneurs en sotolon sont supérieures à 350 mg/litre.
Judith Auer
Ecole du vin de Changins